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    Mieux vaut dormir la nuit en ayant des soucis qu'en ayant des remords
    Balajoudh vivait dans les montagnes de Kabylie. Il n'était pas bien riche. Il avait en tout et pour tout 3 sous en poche. Un jour, il va au marché, et après avoir bien regardé, il s'achète une figue  .E lle  n'était pas bien grosse, alors il l'a dégustée jsuqu'à la dernière bouchée. A la fin il ne lui restait dans les mains qu'une petite queue.

    Il est allé dans son jardin et il l'a semée en lui disant :
    Toi demain, il faut que tu aies germé, sinon prends garde à toi.

    Et le lendemain, la petite queue avait pris racine Alors il lui a dit :
    Toi demain, il faut que tu aies poussé, sinon prends garde à toi !

    Le lendemain, dans son jardin, une belle pousse sortait de terre avec des petites feuilles vertes. Balajoudh lui a dit.
    Toi demain, il faut que tu sois devenue un figuier sinon prends garde à toi.

    Et le lendemain, au beau milieu de son jardin se trouvait un magnifique figuier. Balajoudh lui a alors dit :
    Toi demain, il faut que tu me donnes de belles figues bien mûres, sinon prends garde à toi.

    Et le lendemain matin, les branches de son figuier croulaient sous le poids des figues elles étaient tellement grosses et appétissantes que d'en parler j'en ai l'eau à la bouche !

    Alors Balajoudh est monté sur son figuier pour goûter à ses belles figues. Il en a mangé une, puis deux et quand il a été rassasié, il s'est mis à crier :
    Qui veut des figues, de belles figues bien mûres !

    Seulement, il était midi, l'heure la plus chaude de la journée. Il faisait une chaleur à tuer un âne et les gens étaient chez eux.

    Les gens oui, mais pas l'ogresse TSERIEL qui rôdait dans les parages. Lorsqu'elle a entendu Balajoudh, elle s'est approchée et lui a dit :
    Moi, mon fils, donne-moi de tes bonnes figues

    Balajoudh a bien reconnu Tsériel (qui ne la connaît pas dans le pays ! Et il sait qu'il faut s'en méfier. Seulement, on lui a enseigné le respect qu'il doit aux anciens. Alors il lui dit :
    Ces figues sont à toi, vieille mère, tu n'as qu'à te servir. Mais Tsériel lui répondit.Mon  fils, tu sais bien que je suis vieille et à moitié aveugle. Allez, cueille-moi quelques figues.

    Balajoudh a cueilli quelques figues qu'il a tendues à Tsériel. Aussitôt, elle l'a attrapé par le bras, l'a fourré dans un grand sac avec les figues, a mis le sac sur ses épaules et la voilà partie. Dans le sac, Balajoudh se disait.
    Pauvre de moi qui vais mourir si jeune, moi qui aime tellement la vie.

    Et voilà qu'il entend un clapotis.... Mais oui, c'est la rivière qui se trouve au pied de la colline. Alors, il demande à Tsériel.
    Vieille mère, as-tu fait ta prière ? Tsériel s'arrête.
    Non pour sûr je n'ai pas fait ma prière aujourd'hui ! Et la voila qui pose le sac, et qui se met à faire ses ablutions comme on doit faire avant la prière.

    Pendant ce temps, Balajoudh s'empresse de sortir du sac et de le remplir de pierres. Puis, il prend ses jambes à son cou. Lorsque Tsériel a fini sa prière, elle remet le sac sur ses épaules et continue sa route. En chemin elle dit :
    Eh mon fils, tu es bien plus lourd que tout à l'heure, tu as dû manger les figues. Mais, retire donc tes genoux et tes épaules, ils me font mal..

    Une fois rendue chez elle, elle appelle sa fille Vetelis. Il faut que je vous dise que Vetelis est une beauté... Eh oui, elle n'a qu'un oeil et pas n'importe quel oeil : un oeil blanc signe suprême de beauté chez les ogres. Tsériel dit à sa fille :

    Fais chauffer la marmite, le repas est dans le sac. Lorsque l'eau fût bouillante, Tsériel a versé le contenu du sac qui l'a éclaboussée et a cassé la marmite :
    Ah maudit Balajoudh, il m'a   joué  un méchant tour mais je me vengerais.

    Le lendemain elle est retournée dans le jardin de Balajoudh. Il était perché sur son figuier et il criait à qui voulait l'entendre.
    Qui veut des figues des belles figues bien mûres ?
    Moi, mon fils s'écrie Tsériel. Baljoudh sait qu'il doit se méfier et il sait aussi le respect qu'il doit aux anciens.

    Alors il lui dit :
    Tu n'as qu'à te servir, vieille mère !
    Mais mon fils, tu sais bien que je suis vieille et à moitié aveugle alors s'il te plaît... Balaloudh cueille quelques figues et quand il les tend à Tsériel, elle l'attrape par le bras, le fourre dans son sac et pose le sac sur ses épaules et la voilà partie.

    "Pauvre de moi qui aime tant la vie et vais mourir si jeune" se lamentait Balajoudh. Et voilà qu'il entend le clapotis de la rivière. Il dit à Tsériel :
    Vieille mère as-tu fait ta prière aujourd'hui ? Tsériel s'arrête et répond.
    Demain mon fils, je la ferai demain. Et elle reprend sa route. Arrivée chez elle, elle appelle Vetelis.
    Prépare la marmite, le repas est dans le sac...

    Balajoudh tente le tout pour le tout et dit à Tsériel :
    Regarde vieille mère comme je suis maigre ,fais moi grossir et   je  serais bien meilleur à manger.
    Tu as raison, mon fils, tu n'es pas bien gros.

    Et à ces mots , elle le plonge dans une grande jarre en terre remplie de dattes et elle lui dit :
    Mange mon fils, autant que tu voudras. Dans une semaine je viendrais voir si tu as grossi.

    La semaine passe, bien trop vite pour Balajoudh, et quand Tsériel lui demande de passer un doigt hors de la jarre  Balajoudh ne passe pas son doigt,  il tend une épine qu'il avait dans sa poche et lorsque Tsériel la touche, elle lui dit :
    Tu es encore trop maigre mon fils, reste encore une semaine et surtout n'oublie pas de bien manger !

    Balajoudh mange et la semaine passe encore trop vite pour lui. La semaine passe, Tsériel s'approche de la jarre et lui demande de montrer un doigt. Balajoudh lui tend une brindille cette fois. Tsériel s'écrie :
    Mais cela ne va pas du tout, mon fils, tu es encore trop maigre. Ecoute je te laisse encore une semaine dans la jarre et dans une semaine, que tu sois gros ou maigre je te mangerais.
    Pauvre de moi, pensait Balaj oudh, pour qui le temps passait trop vite.

    A la fin de la semaine, Tsériel dit à sa fille :
    Prépare le couscous, tue balajoudh, coupe-le en petits morceaux et mets-le à mijoter dans une bonne sauce avec des épices. Moi je vais chercher le reste de la famille pour les inviter au festin.

    Aussitôt Tsériel partie, Vetelis a sorti Balajoudh de la  jarre. Elle tenait un couteau à la main. Balajoudh qui n'avait rien à perdre lui dit :
    On parle de ta beauté jusque dans notre village et je sais comment te rendre encore plus belle.

    L'oeil blanc de Vetelis est devenu rouge de plaisir et elle lui a dit :
    Dis-moi comment tu fais ?
    Eh bien, je peux te faire des tatouages avec du henné. Mais il me faut un couteau.

    Vetelis n'a pas réfléchi, elle a tendu son couteau à Balajoudh qui s'en est emparé et... l'a tuée. Puis il a enfilé sa robe et mis son foulard sur la tête. Et il s'est mis au travail. Il a coupé Vetelis en petits morceaux, Il l'a mise a cuire avec des épices, de temps en temps, il tournait bien pour que ça n'attache pas. La table était mise et le repas servi quand Tsériel est arrivée avec la famille. Ils étaient aussi nombreux que vous aujourd'hui.

    Tout le monde s'est installé pour manger. A un moment, un petit cousin s'est écrié :
    Oh, on dirait bien la main de la cousine Vetelis. Tout le monde a levé la tête et s'est arrêté de manger

    Alors Tsériel a dit :
    Mange donc et arrête de faire ton intéressant.

    Plus tard, une petite cousine s'est écriée :- Oh mais c'est l'oeil blanc de la cousine Vetelis et là, silence et l'on a fait passer l'oeil blanc. Et oui, c'était bien l'oeil de Vetelis. Mais alors, où était donc la cousine Vetelis ?

    Eh bien, elle n'était plus là, parce que Balajoudh avait pris les jambes à son cou.

    Et le conte dit que depuis ce jour Tsériel lui court après mais qu'elle ne l'a toujours pas rattrapé.

     

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    Aladin et la lampe merveilleuse

    Quelque part en Afrique, vivait un puissant magicien qui possédait d'innombrables trésors, obtenus par magie. Un jour qu'il était assis devant ses étranges instruments grâce auxquels il pouvait voir le futur, il vit dans un tourbillon de fumée quelque chose qui lui coupa le souffle.
    Dans une ville lointaine vivait un jeune garçon, Aladin, qui possédait, sans le savoir, un très grand pouvoir magique. Plus encore, enterré dans une cave sous une colline hors les murs de la ville, se trouvait le plus merveilleux trésor qui soit au monde. Ce n'était pas tout, dans la même cave se trouvait une vieille lampe qui pouvait exaucer tous les désirs de celui qui la possédait. Aladin, et Aladin seulement, pouvait se rendre maître et du trésor et de la lampe.
    Le magicien, fasciné par ce qu'il avait vu, revint subitement sur terre « Ne suis-je pas un grand magicien ? » se dit-il, « je ne vais certainement pas laisser un tel trésor entre les mains de cet ignorant. »
    En hâte ,il se déguisa en religieux et, frottant l'anneau magique qu'il avait au doigt, dit « Conduis-moi dans la ville d'Aladin. » En un éclair il fut dans la rue où Aladin jouait avec ses compagnons. Dès qu'il l'eut reconnu, le magicien appela le jeune garçon : « Aladin, mon cher neveu ! Viens que je t'embrasse ! Cela fait si longtemps que je te cherche. »
    Aladin, le regardant avec étonnement, répondit « Je ne vous connais pas, ma mère ne m'a jamais parlé d'un oncle et mon regretté père ne m'avait de sa vie parlé d'un frère. » « Mon pauvre enfant », dit en pleurant le magicien, « cela fait si longtemps que je n'ai pas vu ton cher père et il me faut apprendre maintenant qu'il est mort... Mon cher enfant », continua-t-il, « par amour pour ton défunt père je veux prendre en charge ton éducation et faire de toi une personne respectable, car je vois à tes vêtements que ta mère a bien du mal à vous faire vivre. » « Mon oncle », dit Aladin, « ma mère, en effet, n'est qu'une pauvre ouvrière, allons la trouver pour lui annoncer la bonne nouvelle».
    Tout d'abord la pauvre veuve ne voulut pas croire le mystérieux étranger, mais elle se radoucit quand il lui donna dix pièces d'or afin qu'elle achète des vêtements à son fils.
    « Mais seulement les plus beaux », précisa-t-il avant de s'en aller, « car, si Aladin doit devenir riche et puissant, il doit être vêtu en conséquence. J'en jugerai par moi-même demain car dès le lever du jour je le prendrai à ma charge. » La mère d'Aladin employa les dix pièces d'or à l'achat des plus beaux et des plus fins vêtements qu'elle pût trouver.
    Le matin suivant, quand l'étranger revint, Aladin l'attendait, vêtu aussi somptueusement que les enfants des plus riches de la ville. « Parfait », approuva le magicien, « maintenant allons, il n'y a plus de temps à perdre. » Il l'emmena dans de splendides jardins pleins de fleurs merveilleuses qui embaumaient. Leurs pétales multicolores se reflétaient dans les pièces d'eau, bordées de mosaïques et de fontaines. Ils se reposèrent sur une pelouse douce comme du velours et écoutèrent le chant des oiseaux. Aladin n'avait jamais rien vu ni entendu d'aussi beau, même dans ses rêves... Quand le magicien vit Aladin aussi émerveillé, il se frotta les mains, son plan devait réussir. « Je vais te faire voir des choses extraordinaires et inconnues de tous les mortels, des richesses que personne n'a jamais vues», promit-il, alors qu'ils approchaient de la colline sous laquelle était enfoui le trésor.
    Le magicien commença à mesurer le sol puis il s'arrêta. Ayant allumé un feu de quelques brindilles, il y jeta une poignée d'encens. Bientôt il n'y eut plus qu'un épais nuage de fumée. « Regarde à travers la fumée », dit le magicien lui montrant le sol. Aladin, surpris, découvrit une trappe pourvue d'un anneau en fer.
    « Tu vas soulever cette trappe et descendre dans les profondeurs de la terre », murmura le faux-oncle, « tu passeras par des couloirs, des salles, des jardins, tout ce que tu pourras prendre sur le chemin sera à toi, la seule chose que je désire est une lampe qui est accrochée dans une des salles. »
    « Avec plaisir, mon oncle », dit Aladin, « mais pourquoi ne viendriez-vous pas avec moi ? » « Je reste ici pour veiller sur ta sécurité », dit le magicien, « maintenant vas-y. » Aladin attrape l'anneau et soulève la trappe avec tant de facilité que le magicien en est suffoqué. Le jeune garçon arrive à un passage obscur après avoir traversé de grandes salles pleines d'or, d'argent, de diamants, de perles et autres pierres précieuses. Sans le savoir il a découvert le plus riche trésor du monde. Il continue d'avancer et arrive à un jardin merveilleux. Les arbres ploient, tant leurs branches sont chargées de fruits. Mais ce ne sont pas des fruits ordinaires, leur éclat est éblouissant. De chaque branche tombent des diamants, des perles, des rubis d'un rouge intense, des améthystes, des émeraudes et des saphirs. Les pétales des fleurs sont d'or fin et dignes d'orner la tête d'une princesse. Dans une niche est accrochée la lampe. Elle est vieille, poussiéreuse et éclaire faiblement. Aladin la décroche avec précautions, éteint la flamme, jette l'huile et prend le chemin du retour. Alors seulement il prend le temps d'admirer les richesses qui l'entourent et d'en remplir ses poches. Le magicien l'attend dans la plus grande impatience. Quand il le voit, il crie: « Que de temps il t'a fallu! Viens maintenant, passe-moi la lampe et je t'aiderai à sortir. »
    «Je ne peux pas, mon oncle, elle est trop lourde, aidez-moi d'abord à sortir », bégaie Aladin. Mais le magicien n'a pas la moindre intention de l'aider. Il veut la lampe pour ensuite se débarrasser du jeune garçon. Il insiste, tour à tour doux et menaçant, mais en vain. Aladin essaie encore, et encore, mais il ne peut réussir à soulever la lampe jusqu'à l'ouverture. Alors le magicien entre dans une fureur épouvantable.
    « Ingrat », hurle-t-il, « je vais te donner une leçon. Et à ces mots il jette une seconde poignée d'encens dans le feu, tout en marmonnant des paroles magiques dans une langue inconnue. La dalle de pierre se met à bouger et, lentement, recouvre l'ouverture.
    « Puisque je ne peux pas avoir cette lampe, tu peux mourir, personne ne viendra te chercher là », dit-il avec un rire mauvais. Puis il frotte l'anneau magique et disparaît.
    Aladin est tout seul dans l'obscurité. Comment aurait-il pu penser que son oncle le traiterait aussi cruellement. Il appelle au secours mais personne ne peut l'entendre et il ne peut sortir de là sans aide. Il remonte les couloirs, les salles, jusqu'au jardin merveilleux, cherchant une issue éventuelle. Mais rien. Désespéré, il revient au point de départ et, se laissant tomber dans un coin, il pleure silencieusement. Puis il se met à prier. Comme il prie, ses doigts accrochent la vieille lampe et soudain un génie à la figure énorme se matérialise devant lui.
    « Maître, vous m'avez appelé, que désirez-vous ? » demande-t-il à Aladin.
    « Emmène-moi auprès de ma mère », ordonne le jeune garçon, abasourdi et, avant d'être revenu de son étonnement, il se trouve devant la porte de sa maison ...
    Il raconte ses aventures à sa mère qui convient avec lui que la lampe renferme un pouvoir magique et ils comprennent alors pourquoi le magicien y tenait tant.
    Aladin est fou de joie : « Finies la pauvreté et les privations ! » et, joignant le geste à la parole, il fait de nouveau apparaître le génie auquel il commande à dîner. Le génie disparaît un instant et reparaît chargé d'une bassine et de douze plats d'argent, chacun rempli de mets plus délicats les uns que les autres. Le génie apporte également du vin et des fruits délicieux, qu'il place devant Aladin et sa mère.
    Cette dernière ne peut en croire ses yeux et tremble de crainte « Jette cette lampe, mon fils, elle est ensorcelée et ne nous apportera que des ennuis. »
    « Mais c'est elle qui m'a libéré de cette trappe dans laquelle mon prétendu oncle m'avait enfermé ! » proteste Aladin en commençant à manger. Pourtant sa mère ne cesse de s'inquiéter et de trembler.
    Pour lui faire plaisir, Aladin promet de cacher la lampe dans un endroit sûr et de chercher un travail honnête. Puis tous deux décident de vendre les plats d'argent, et ainsi de vivre un certain temps confortablement.
    Pendant la journée, Aladin va de marché en marché, regardant travailler les orfèvres et les commerçants en essayant d'apprendre quelque chose.
    Un jour il décide d'ouvrir lui-même un commerce; emportant avec lui les pierres précieuses qu'il a ramenées du jardin merveilleux, il quitte la maison. Il a à peine fait quelques pas qu'il entend les trompettes du messager du sultan « Rentrez chez vous », crie celui-ci, « fermez portes et fenêtres, la princesse Badroulboudour, fille du sultan, va passer, elle ne doit pas être vue. Si quelqu'un désobéit à cet ordre, il aura la tête coupée. »
    Aladin a souvent entendu parler de la beauté de la princesse et il brûle d'envie de la voir. Inconscient du danger, il se cache donc derrière une porte et attend qu'elle passe. En effet la princesse est la plus belle brune que l'on peut voir au monde, elle éclipse par sa beauté toutes les servantes qui l'entourent.. Quand elle passe devant la porte derrière laquelle se cache Aladin, le vent soulève légèrement son voile, découvrant ainsi un visage dont la perfection le fait trembler d'émotion.
    Une fois la princesse passée, il reprend ses pierres précieuses et rentre en courant chez lui. Il a toujours devant ses yeux, la vision de la princesse et, bien que sa raison sache que c'est pure folie, son coeur déborde d'amour. Il ne peut plus ni manger ni dormir. Sa mère le remarque et lui en demande la raison.
    « Hélas mon fils ! » se lamente-t-elle lorsqu'il lui raconte son tourment, « la fille du sultan n'est pas pour quelqu'un comme toi, quelque soit ton amour pour elle, mon fils, il n'y faut plus penser. » « Ma fortune peut égaler celle du sultan », rétorque Aladin, « j'ai beau n'être que le fils d'un pauvre tailleur, je suis sûr que le sultan ne possède pas de pierres précieuses comparables aux miennes. » Aladin dispose ses pierres précieuses dans le bassin d'argent et ajoute : « Chère mère, vous allez vous présenter au sultan et demander pour moi la main de la princesse. Prenez ces joyaux et offrez-les au sultan, ne me refusez pas cette faveur, je vous en supplie, ou je mourrai de chagrin. »
    Il n'y a rien qu'une mère ne ferait pour son fils. La mère d'Aladin prend donc le bassin plein de joyaux et, courageusement, se rend au palais. Après avoir franchi d'innombrables portes, elle arrive au divan, pièce immense où se trouvent les nobles, les vizirs et les juges de la cour. Au centre de la pièce, trône le sultan en personne, écoutant les requêtes de ses sujets. Quand elle le voit, la mère d'Aladin se sent défaillir et elle veut rebrousser chemin mais le sultan la remarque.
    « Faites venir cette femme, je suis curieux de savoir ce qu'elle désire », dit-il à son grand vizir.
    Une fois devant lui, la mère d'Aladin se prosterne, baise le tapis qui couvre les marches du trône et dit « Avant d'exposer à Sa Majesté le sujet extraordinaire qui me fait paraître devant son trône, je la supplie de me pardonner la hardiesse de la demande que je viens lui faire. »
    « Relève-toi, bonne femme », répond gentiment le sultan, « quoi que ce puisse être, je te le pardonne dès à présent et il ne t'arrivera pas le moindre mal ,parle hardiment. »
    « J'ai un fils nommé Aladin », commence-t-elle et, d'une voix tremblante, elle raconte comment son fils, bien que ce soit interdit, a vu la princesse et, devant sa beauté incomparable, en est tombé follement amoureux. « Et je suis venue ici pour demander à Sa Majesté la main de sa fille pour mon fils. »
    « Et qu'est-ce qui te permet de penser qu'il est digne de ma fille ? »questionne le roi amusé. « Il vous envoie ce présent », répond bravement la mère d'Aladin en découvrant le bassin d'argent. Un murmure d'admiration parcourt l'assemblée. Le sultan, revenu de son étonnement, se penche vers son grand vizir et lui dit : « Chacune de ces pierres vaut à elle seule dix fois plus que ma fortune tout entière, que dis-tu d'un tel cadeau? Que dois-je répondre?» « Je dois reconnaître que le présent est digne de la princesse », répond le vizir à contrecoeur, « mais je pense qu'il serait prudent d'attendre quelques mois avant de vous prononcer, car je suis très soupçonneux quant a l'origine de ces pierres... »
    « Rentre chez toi, bonne femme », reprend le sultan, « et dis à ton fils que j'accepte sa requête mais qu'il lui faudra attendre trois mois car il me faut le temps de faire tous les préparatifs Aussi, reviens au bout de ce temps-là. » La mère, débordante de joie, se dépêche de rentrer pour annoncer la bonne nouvelle. Cette nuit-là, Aladin s'endort le coeur léger, en remerciant Dieu de sa bonté. Mais il ne sait pas que le grand vizir est prêt à tout pour l'empêcher d'épouser la princesse, car lui-même a un fils qu'il veut marier à la fille du sultan afin qu'il monte un jour sur le trône. D'ailleurs, le sultan ne lui a-t-il pas promis la princesse pour son fils bien avant que la mère d'Aladin ne, se présente? Va-t-il laisser un inconnu gâcher ses plans? Le grand vizir sait ce qu'il lui reste à faire: le sultan devient vieux et il perd un peu la tête. S'il n'entend plus parler d'Aladin pendant quelque temps, il oubliera sa promesse. Alors il pourra même le convaincre habilement que son propre fils est plus digne d'épouser la princesse Badroulboudour.
    Le vizir ne perd pas de temps. Le plus important dans la préparation d'un mariage est la procession qui, à travers la ville, se rendra jusqu'au palais du sultan.
    Le grand jour arrive. Des soldats et des gardes en uniforme de cérémonie défilent dans les rues tandis que la population s'active à allumer des lampions et à jeter des fleurs.
    Aladin ne sait rien de tout cela, car il ne quitte pratiquement pas sa chambre, comptant les jours qui le séparent de sa chance. Pourtant ce soir-là, il s'aventure dans les rues et, étonné de voir la ville en fête, demande quelle est la raison de cette agitation. « Nous célébrons aujourd'hui le mariage du fils du grand vizir avec la princesse Badroulboudour, étranger », lui répond-on. « Nous attendons que l'époux sorte du bain pour l'accompagner jusqu'au palais... »
    Aladin n'attend pas plus longtemps, il court jusqu'à sa chambre, prend la lampe qu'il avait cachée et fait glisser ses doigts sur le bronze.
    « Que désirez-vous, maître ? » demande aussitôt le génie.
    « En ce moment même la procession du mariage de la princesse Badroulboudour marche vers le palais du sultan. Je veux prendre la place du prétendant. Mène le fils du vizir chez lui et enferme-le. Procure-moi aussi les mêmes vêtements que les siens. »
    « Il sera fait selon votre désir, maître », répond l'esclave de la lampe. En un clin d'oeil Aladin est habillé et parfumé comme un prince et transporté au palais. La procession arrive à hauteur des portes du palais et personne n'a remarqué la substitution. Seuls le sultan et le grand vizir s'étonnent à la vue de ce mystérieux étranger. Aladin se jette aux pieds du sultan « Monarque au-dessus des Monarques du monde», commence-t-il, « je viens au sujet de la promesse que vous avez faite à ma mère... »
    Le sultan irrité se tourne vers le grand vizir : « Je me souviens », dit-il, « ce doit être cet Aladin. Toi, mécréant, tu voulais que ton fils prenne sa place. » « Je pensais seulement à votre intérêt », dit le vizir, furieux de la tournure des événements, « et Si vous voulez bien me permettre ce conseil, demandez à cet homme une dot digne de la princesse, vous ne savez même pas qu'elle est sa fortune. »Le sultan réfléchit un moment et dit « Notre coutume, Aladin, est d'exiger une grosse dot pour une princesse. Pour ma fille, je demande quarante plats d'or fin remplis de pierres précieuses. A cette seule condition je te donnerai ma fille. »
    « Que Sa Majesté attende un instant, je reviens avec la dot qu'elle demande », répond Aladin au grand étonnement des personnes présentes. En hâte, il rentre chez lui; un instant plus tard, on le voit apparaître dans la rue suivi de quarante servantes, chacune portant sur la tête un plat du plus bel or rempli des plus beaux joyaux. Il s'est procuré tout cela grâce à sa lampe magique... Quelle magnifique procession ! Aladin marche en tête, sur un superbe cheval arabe, suivi de sa mère, habillée comme une reine et accompagnée de douze esclaves. Des cavaliers les suivent, jetant à la foule émerveillée des milliers de pièces d'or.
    Le sultan peut à peine en croire ses yeux. Il vient lui-même à la rencontre d'Aladin, l'embrasse comme son propre fils et, n'écoutant plus les avertissements jaloux de son vizir, il donne l'ordre de commencer les festivités.
    En un instant la musique retentit et le sol se met à trembler sous les pieds des danseurs. Le palais ruisselle de lumières et tout le monde s'amuse. Le sultan, à qui Aladin a plu tout de suite, appelle ses juges et ordonne que le contrat de mariage soit signé sur-le-champ. Une fois la chose faite, Aladin se lève et demande la permission de se retirer.
    « Où voulez-vous aller, mon fils ? » lui demande le sultan, « au­jourd'hui est un grand jour et votre épouse vous attend. »
    « Sa beauté est telle qu'elle mérite davantage que ce que j'ai pu lui donner jusqu'à présent », répond Aladin. « J'ai décidé qu'avant le lever du jour, j'aurai fait construire un palais digne de recevoir la princesse. J'aimerais que vous choisissiez vous-même l'emplacement de notre future demeure. »
    « Choisissez la partie de mon royaume qu'il vous plaira, si vous pensez que c'est nécessaire », dit le sultan, « mais vous n'avez pas besoin d'un palais car à partir de ce jour, celui-ci est le vôtre. »
    Cette nuit-là, une armée de génies invisibles travaille à la construction du palais d'Aladin tout près de celui du sultan. Il est tout de marbre fin, de jade et d'agate; les pièces sont ornées d'or et d'argent, les murs de magnifiques tentures et les sols de merveilleuses mosaïques. Avant le lever du jour, le palais retentit des voix des servantes, du bruit de la vaisselle et du hennissement des chevaux dans les écuries. Le soleil se lève sur un tapis de velours qui court du palais d'Aladin au palais du sultan. Ainsi font les esclaves de la lampe conformément aux ordres d'Aladin.
    La princesse Badroulboudour tombe éperdument amoureuse d'Aladin dès qu'elle le voit et les festivités de leur mariage durent quarante jours et quarante nuits dans le plus grand apparat. Le grand vizir, voyant que sa cause est perdue à jamais, ne tente plus d'empêcher leur bonheur.
    Ils auraient donc pu vivre parfaitement heureux si, quelque part, le terrible magicien ne s'était un jour souvenu d'Aladin. Encore une fois, du fin fond de l'Afrique, il décide d'essayer de rentrer en possession de la lampe merveilleuse et de savoir ce qu'il est advenu de cet Aladin qu'il a emprisonné dans la trappe. Il s'installe donc devant ses instruments et prononce la formule magique. Quelle n'est pas sa surprise de voir qu'Aladin vit comme un prince et qu'il a épousé la fille du sultan lui-même!
    Il entre dans une colère terrible, criant et gesticulant comme s'il était possédé par le diable, tout en se demandant comment lui dérober la fameuse lampe, car il est sûr que le fils d'un misérable tailleur n'a pu devenir gendre du sultan sans l'aide des pouvoirs magiques de la lampe.
    Il se décide à agir et sans perdre une minute il frotte son anneau magique. En un éclair, le voilà transporté dans la ville même où vit Aladin. Il se promène dans les rues questionnant les passants. Bientôt il sait tout ce qu'il veut savoir sur Aladin et son palais. Alors il achète une douzaine de lampes neuves et commence à arpenter les rues en criant: « Qui veut échanger une vieille lampe contre une neuve? Qui veut échanger une vieille lampe contre une neuve ? »
    Les citadins pensant que le camelot a perdu la raison profitent sans chercher davantage de cette offre inespérée. Le magicien échange en souriant lampe après lampe tout en se rapprochant du palais d'Aladin.
    Quand il arrive aux portes du palais, il ne lui reste plus qu'une lampe « Une lampe neuve contre une vieille », crie-t-il sous les fenêtres d'Aladin. Il a appris qu'Aladin et son épouse ne sont pas au palais, ainsi ne craint-il pas d'être découvert. Il tremble d'émotion lorsque l'un des esclaves du palais ouvre la fenêtre et lui crie : « Attends un instant, notre maître a une tres vieille lampe dans sa chambre. Je crois qu'il serait bien content, si on la lui changeait pour une neuve. »
    Le magicien n'en croit pas ses yeux, l'esclave lui donne contre une neuve, la lampe merveilleuse qu'il désire depuis si longtemps... Dès qu'il l'a entre les mains, il se hâte de quitter la ville, puis il attend que la nuit tombe et que le palais soit endormi. Alors il frotte la lampe et le génie lui apparaît. « Maître, que désirez-vous ? » demande-t-il. « Je veux que le palais d'Aladin ainsi que la princesse soient transportés chez moi en Afrique, mais je veux qu'Aladin reste ici. Il s'expliquera lui-même avec le sultan », dit-il avec un rire mauvais.
    La nuit est sans étoile et sans lune. Tout à coup, sans que personne ne s'en aperçoive, le palais s'élève dans le ciel, ne laissant à la place qu'une vaste surface de terre battue. Le matin, quand le sultan se réveille, il regarde comme il en a l'habitude, vers le palais d'Aladin. Mais ce jour-là, il ne peut en croire ses yeux, est-il en train de rêver? Hélas non on aurait dit qu'un énorme coup de vent a balayé la terre et a tout emporté. A la place du palais, il n'y a plus qu'un espace vide. Horrifié, le vieux sultan fait appeler son grand vizir. « Dis-moi ce que tu vois », lui ordonne-t-il en ouvrant la fenêtre.
    « Majesté, le palais du prince a disparu », s'écrie le vizir stupéfait. Puis, se tournant vers le sultan, il ajoute : « Si seulement vous m'aviez écouté, j'ai toujours pensé que cet Aladin avait usé de moyens malhonnêtes et de magie pour épouser votre fille ! Il faut l'attraper, le punir sévèrement et le forcer à s'expliquer. »
    Le sultan, la veille encore Si attentionné pour Aladin, ne pense plus maintenant qu'à se venger.
    « Il faut qu'il souffre les pires tortures », crie-t-il, fou de rage, « lancez les gardes à sa recherche, qu'on fouille toute la ville pour le retrouver. »
    Ils ne cherchèrent pas longtemps. Aladin dormait profondément près d'un buisson. On l'amène devant le sultan fou furieux et lorsqu'il est jeté dans le plus noir et le plus profond cachot, il n'a toujours pas compris ce qui lui arrive. Il est là impuissant, sans défense. Très loin au-dessus de lui, il entend la voix du sultan « Je te donne quatre jours et quatre nuits, Si d'ici là la princesse Badroulboudour n'est pas revenue, je te ferai couper la tête.»
    Aladin l'écoute le coeur serré. Où donc est sa chère princesse? Il réfléchit longtemps à sa mystérieuse disparition et à la non moins mystérieuse disparition de son palais. Il comprend enfin que seul le magicien peut être l'auteur de ce crime. Mais comment le retrouver maintenant qu'il n'a plus sa lampe merveilleuse?
    Tandis qu'Aladin souffre dans sa prison, le magicien fait sa cour à la pauvre princesse Badroulboudour.
    « Rien ne sert de pleurer, belle princesse, vous ne reverrez jamais Aladin », lui répète-t-il sans cesse. « Maintenant que je vous ai fait amener ici, en Afrique, vous et votre palais, personne n'osera plus essayer de vous enlever à moi. Je vous ai choisie pour épouse et ce soir je viendrai vous demander votre main. Si vous refusez de me prendre pour époux, malheur à vous ! » ajoute-t-il d'une voix menaçante avant de la quitter.
    La princesse se cache tout d'abord la tête dans les mains et se met à pleurer. Puis elle imagine un plan: si Aladin est impuissant, sans le secours de sa lampe, elle, au moins, peut agir. Ce soir-là, elle met sa plus belle robe, s'enduit des plus riches parfums et ordonne qu'on prépare un somptueux festin, accompagné des vins les plus forts. Puis elle s'assoit et attend le magicien. Elle l'accueille avec son plus doux sourire.
    « Vous êtes mon maître », lui murmure-t-elle en se prosternant devant lui. Le magicien ne peut détacher les yeux de la merveilleuse princesse. "Je vois que vous avez pensé à ma proposition ...", commence-t-il, mais elle ne le laisse pas terminer. Elle l'invite à se mettre à table, lui offre un verre de vin. La soirée passe, la princesse parle, rit, dit mille bêtises et le magicien ne cesse de boire. « Je sais, mon maître », dit enfin la princesse, « que votre pouvoir dépasse de loin celui de tous les rois du monde, d'où le tenez-vous ? » "De cette lampe", bégaie le magicien, sortant de sa robe la lampe rnerveilleuse, « il me suffit de la frotter ici et...», il ne peut terminer sa
    phrase, il glisse lourdement sur le sol et se met à ronfler.La princesse n'attendait que cet instant, elle attrape la lampe et la frotte comme le magicien le lui indiqué.
    Que désirez-vous, maîtresse ? » demande le génie qui est si grand et si impressionnant que la princesse en est terrifiée. « Envoie ce magicien en enfer et reviens tout de suite », commande-t-elle, reprenant courage.
    Le géant s'empare immédiatement du magicien et disparaît pour reparaître une seconde plus tard. « Vous n'entendrez plus parler de ce magicien », dit-il. « Désirez-vous autre chose, princesse ? »
    « Ramenez ce palais où il était !»
    La lampe une fois de plus réalise les désirs de la princesse. Avant que le coq ne chante, Aladin est libéré et rendu à sa princesse. Le sultan se réjouit avec eux et Aladin oublie bien vite les souffrances du cachot.
    Mais à partir de ce jour, la lampe disparaît et on n'en entend plus parler. L'intelligente princesse l'a cassée en mille morceaux, elle en a brûlé une partie, enterré une autre et jeté le reste à la mer.
    Ainsi a-t-elle  agit car elle  craint l'envie et le désir de pouvoir qui sont souvent plus forts chez les hommes que la bonté...

     

     

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    Autrefois, dans le village de Gani-Gawané*, les orphelins étaient rejetés et abandonnés. Selon cette triste habitude, une année, à l’approche de la saison des pluies, le petit Adamou fut emmené dans une brousse lointaine parce que personne ne voulait plus s’occuper de lui : un de ses oncles qui l’avait recueilli après la mort de ses parents et l’avait élevé presque dix ans, mourut lui aussi et sa veuve avait beaucoup de mal à élever ses propres enfants. Le chef du village à qui elle avait fait appel décida donc d’abandonner le petit Adamou.

    Ainsi l’enfant se retrouva-t-il seul, parmi les animaux sauvages, à des lieues du village le plus proche. Comme par miracle, il trouva une grotte et s’y cacha. Or, grâce à Dieu, dans le fond de cette grotte, on avait caché, sans doute pour les protéger des razzias, des vivres les plus divers : de la viande séchée, des sacs emplis de niébé** et tout ce qu’il lui fallait pour vivre. Dans la brousse épaisse qui l’entourait, Adamou put ainsi éviter la mort à laquelle il était destiné. Il apprit à éviter les animaux sauvages, sut bientôt faire des pièges et se distraire en regardant les ombres, les nuits de pleine lune. Mais nuit et jour aussi, il maudissait les habitants du village qui l’avaient abandonné. Il souhaitait pour eux les pires catastrophes dont il avait entendu les anciens parler : les pluies qui noyaient les récoltes, ou au contraire, la sécheresse, ou encore, les invasions de sauterelles. Ses malédictions furent efficaces. Ainsi, des semaines, des mois passèrent sans qu’une goutte d’eau ne tombe à Gani-Gawané. La tristesse y devenait pesante car ni le manioc, ni le niébé, ni le sorgho*** ne germaient dans les terres qu’on avait ensemencées et la perspective de la famine accablait grands et petits.

    Au contraire, les pluies de l’hivernage avaient arrosé tous les villages alentour, partout, les paysans s’apprêtaient déjà à des récoltes abondantes, les greniers allaient déborder. La bonne fortune des villages voisins augmentait encore la tristesse et le découragement à Gani-Gawané. On ne savait plus à quel génie se vouer et bientôt, il fallut aller dans les villages voisins quémander jusqu’au moindre grain de mil ou de sorgho. Nulle part, on n’était disposé à aider un village qu’on considérait comme maudit.

    Les bergers de Gani-Gawané eux-mêmes, durent beaucoup s’éloigner pour trouver des pâturages encore verts. Un jeune berger à peine plus âgé qu’Adamou alla même jusqu’à s’approcher de la grotte perdue où l’orphelin avait trouvé refuge. Ses vaches paissaient paisiblement sur une étendue d’herbe bien verte proche de ces lieux quand l’une d’elle quitta le troupeau ; le petit berger la suivit et découvrit, tout étonné, au bas de la falaise où il se trouvait, une anfractuosité d’où sortait le son d’une voix humaine. Prêtant l’oreille, il fut stupéfait d’entendre ces maux : « Habitants de Gani-Gawané, maudits soyez-vous qui m’avez abandonné loin des hommes. Je suis seul loin de tout et sans la nourriture que je retire du fond de cette grotte, je n’aurais pu survivre à cet abandon. Que vos semences se noient sous les pluies d’hivernage, que la sécheresse fasse mourir les jeunes pousses, que les sauterelles dévorent ce qui reste sur pied. Puissent vos enfants en périr puisque vous ne faites pas l’effort de prendre soin des orphelins. Et toi, génie de cette grotte, fais que cette malédiction se réalise ! »

    Le berger comprit bien vite qui parlait, il se souvenait d’Adamou dont il avait partagé les jeux et le reconnut vite comme l’auteur de ces malédictions.

    Abandonnant sur le champ son troupeau, il courut au village informer le chef de ce qu’il venait de découvrir. Ce dernier n’eut pas de peine à reconnaître ses torts et appela le sorcier qui s’empressa de supplier le génie de la grotte. Pendant ce temps, tous les hommes du village se rendirent en cortège auprès d’Adamou et le ramenèrent bien vite à Gani-Gawané. Le chef du village le prit dans sa maison où il fut accueilli comme l’un de ses fils. Une grande pluie s’abattit aussitôt sur le village. C’est depuis ce jour que les orphelins sont traités avec soin et amour à Gani-Gawané.

     

     

     

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